L’objectif de
l’atelier d’histoires de vie est
de produire en groupe un document autobiographique
dans lequel chacun pourra développer
une élaboration de son histoire de vie qui lui soit propre. Les
ateliers alternent des moments d’échanges entre les participants, des
moments de rédaction individuelle ou en sous-groupe et des moments de
socialisation de sa production écrite.
Un travail individuel de
rédaction est également demandé
entre les ateliers. L’auteur de son histoire de vie garde la stricte
propriété de sa
production qu’il est libre ou non de diffuser. L’engagement
en atelier fait également l’objet d’un « contrat »
conclu entre les participants concernant les règles de déroulement et
portant entre autre sur le respect
de la parole de chacun, la liberté de livrer ce que l’on
souhaite au groupe et le principe de confidentialité.
L’atelier
d’histoires de vie n’est pas à proprement parler un cadre « thérapeutique »,
même si de tels effets peuvent y être ressentis. L’esprit de la démarche
est fortement inspirée de la sociologie clinique qui situe son action
à l’articulation du psychique et du social. Produire son histoire de
vie peut répondre à plusieurs attentes :
-
Élucider les déterminismes de son histoire afin de
changer le rapport que nous entretenons avec eux.
-
Mettre sa vie en
récit dans un souci de legs à autrui :
sa famille, ses descendants, la société.
-
Mettre à distance un vécu douloureux.
-
Faire le bilan de son vécu personnel ou professionnel
pour se mettre en projet.
-
…
Dans tous les
cas de figure, il s’agit de redonner de la valeur à son expérience
en la partageant avec les autres participants. C’est en ce sens que la
démarche n’est pas « thérapeutique » dans
l’acceptation traditionnelle. On
ne se donne pas pour objectif de « traquer le symptôme » ou
de dévoiler les fonctionnements soupçonnés d’être « pathologiques ».
La démarche de groupe consiste à laisser émerger le sens que chacun
donne à son histoire dans un climat d’échange respectueux. Un
travail d’hypothèse est abordé, mais chacun
reste libre de les accepter ou non.
L’enjeu ici
est d’utiliser le cadre du groupe de parole pour devenir sujet de son
histoire – le sujet, c’est celui qui dit je – et en devenir
l’auteur. Faire son histoire de vie n’est pas nécessairement la quête
d’une vérité factuelle, objective, mais celle d’un sens qui nous
soit propre.
Il y a là un
enjeu de pouvoir important. Dire soi même sa vie, retrouver le sens de
son expérience, ne plus laisser le discours environnant nous dicter le
sens de ce que nous vivons, c’est reprendre le pouvoir sur notre vie.
C’est aussi pour cela que l’animateur de l’atelier d’histoires
de vie s’implique dans
une relation de parité et de réciprocité avec les autres participants. Il n’est pas là
l’expert, le sujet supposé savoir, mais plutôt l’accompagnateur
d’une quête que seul chacun
peut mener à bien… avec
les autres cependant. C’est
là sans doute le paradoxe de l’autonomie.
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