La Nouvelle communication

 

ATELIER

 

1)     Le ruban de Moebius.

2)     Exercice de la pomme.

3)     Retour sur le vécu de l’exercice de la pomme

 

Matériel : 23 rubans de papier de 3 cm de large, scotch, colle.

 

 

Introduction théorique

 

 

 

Explicitation de l’atelier

 

1) le ruban de Moebius

 

                Nous avons l’habitude  de voir le monde par paire d’opposés : le haut et le bas, le chaud et le froid, le bien et le mal, l’intérieur et l’extérieur, le corps et l’esprit, le réel et l’imaginaire. Ces paires d’opposés sont des catégories du discours qui nous aident à appréhender le monde. Mais le monde ou le « réel » ne se laisse pas réduire à ces simples catégorisations. Il est autrement plus complexe. L’exercice du ruban de Moebius en est une illustration. Les phénomènes de communication ou la communication participent  de cette complexité. Complexe, de complexus : ce qui est tissé ensemble cf. Edgar Morin.

Une chose est à retenir concernant cet exercice, nous étions dans une boucle. Nous allons voir tout à l’heure comment cela est en rapport avec la communication.

 

 

 

2) L’exercice de visualisation de la pomme.

 

            Dans le deuxième exercice, nous avons expérimenté plusieurs choses :

           

            D’abord, la création d’un cadre d’expérience particulier, inattendu ou inhabituel :

 

·        Je vous ai demandé d’adopter une posture corporelle particulière.

·        Ensuite, je vous ai demandé de vous détendre, de vous laisser aller.

·        Puis je vous ai proposé un exercice de visualisation en même temps que je vous demandais d’effectuer certains gestes.

 

Là, nous avons créé un cadre de communication que nous  pouvons appeler paradoxal, nous y reviendrons tout à l’heure.

 

3)     Retour sur le vécu de l’exercice 2.

 

Chacun a fait part de la façon particulière dont il avait perçu l’exercice de la pomme :

Couleur, odeur, toucher, discours sur…, etc.

Là, nous avons pu constater comment chacun de nous a une façon bien personnelle de percevoir les objets, de se relier au monde.

 

Ces trois exercices vont nous servir de base de compréhension pour le thème que nous devons aborder aujourd’hui : Celui de la Nouvelle communication. Vous entendrez souvent parler de ce courant sous le nom de « l’école de Palo Alto ».

 

 

 

 

Les auteurs et leurs concepts :

 

Gegory Bateson

Boucles de rétroaction

 

            Véritable chef de file historique de ce courant, c’est avant tout un chercheur et un théoricien. D’origine britannique, il vécu aux Etats-Unis et fit de nombreux voyages d’étude : Bali, Nouvelle Guinée, etc. Il est né en 1904,  mort en 1980. Il a œuvré dans le champ de l’anthropologie, de la recherche en psychiatrie et de la philosophie. Bien qu’il fut intéressé par la théorisation avant tout, il a néanmoins  fourni des travaux de terrain assez considérables. On lui doit l’apport du modèle cybernétique à la communication. Dans ce modèle, la communication n’est plus considérée selon le schéma classique dit « télégraphique » ou A est l’émetteur et B le récepteur passif du message. Désormais, on parle de Boucle de rétroaction. L’information circule en boucle entre A et B et  A  adapte son message en fonction de B, il s’agit de la notion de Feedback.

Ex : Si je vous parle et que  graduellement vous me tournez tous le dos, je vais considérablement modifier ma communication.

 

Les schémas de la communication

 

Communication classique ou télégraphique :

Source d’information

 

Emetteur

 

Récepteur

 

Destination

 
 

 

 


                                                                                                                     

Signal émis

 

Signal

transmis

 

   Message

 

   Message

 

Source de bruit

 
 

 

 

 

 

 


Schéma systémique ou cybernétique : la boucle de rétroaction :

 

 

Emetteur

 

Récepteur

 

Feedback

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


                                   L’effet rétroagit sur la cause

 

Métacommunication : la communication sur la communication.

 

Comme le mot fait peur, je vais tout de suite vous donner un exemple. Un  père  joue au carte avec sa fille, sa fille lui dit : « Papa tu es un imbécile, tu triches. » Le père ne réagira pas à ce qui normalement est irrecevable. Chacun a accepté que « nous sommes dans un jeu ». Gregory Bateson avait  remarqué ce phénomène en observant des loutres jouer entre elles. Des gestes qui pourraient tuer demeurent inoffensifs  car une message est  accepté dans la relation : « ceci est un jeu ».

 

Pour parler de méta-communication, on rajoute donc un niveau de communication.

 

Discours digital + discours analogique  ou pour faire plus simple : discours verbal + discours non-verbal. Ou discours dans un cadre qui invalide le discours comme dans l’exemple du jeu. Tu es un imbécile n’a plus le même sens à cause du cadre « jeu ».

 

 

 

Le double lien  ou la double contrainte

 

 

 

Corps = analogique

 

Discours = digital

 
                        A                                                                              B

 

             A’                                            B’

Lorsque  A  ¹ A’ , il y a double lien ou double contrainte.

 

Ex : La mère qui dit à son enfant « je t’aime » mais dont les messages corporelles le rejette : elle se raidit – l’enfant s’écarte et la mère lui dit : « Comment, tu ne veux pas m’embrasser, tu ne m’aimes donc pas. Elle culpabilise l’enfant en lui projetant sa propre culpabilité). Pourtant l’enfant a bien interprété le message analogique (inconscient ou implicite) du corps de sa mère. Il est pris dans une double contrainte.

 

Milton Erickson 

 

            Psychiatre et psychologue américain (    -    ), il est le « praticien de génie » de ce courant de pensée.  Né à la fin du dix-neuvième siècle dans une ferme des grandes plaines, il fut frappé très jeune par la poliomyélite et découvrit des  moyens d’auto-guérison  qu’il mettra en œuvre toute sa vie dans sa pratique de thérapeute. Il remit au goût du jour la pratique de l’hypnose sous une forme plus douce que celle pratiquée par les illustres ancêtres (Freud, Charcot, Messmer)  et   fut à l’origine des thérapies brèves.  Sa pratique, extrêmement créative et originale  met notamment en œuvre les principes de la communication paradoxale et métaphorique. 

 

Exemple : On cite un exemple célèbre de guérison dans lequel Milton Erickson guérit un malade alcoolique grave en lui prescrivant d’aller observer un cactus dans le désert.

+ guérison d’un schizophrène  en apprenant pendant plusieurs mois à parler dans son langage :  en salades de mots.

Un des grands principes de M E : « c’est  à la thérapie de s’adapter au patient et pas au patient de s’adapter à la thérapie » - les thérapeutes ericksonniens s’efforcent non seulement de parler le langage du patient (profil structural) mais aussi de communiquer à travers l’attitude corporelle.

 

Erving Goffman

 

            Socio-anthropologue canadien, membre de l’école de Chicago. Un des membres fondateurs de ce qu’on a appelé l’interactionisme symbolique.

 

            Qu’est-ce qui communique ? :

CADRE/contexte/environnement
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Communiquer avec soi : auto-observation intra psychique et  relationnelle

 

Nous sommes tellement déformés par la pensée dite « objective »[1] qu’il nous faut faire un effort particulier pour intégrer les principes de l’auto observation.  Qu’est-ce que s’auto observer ?

 

Reconnaître les pensées, les désirs, les  émotions qui nous habitent.

 

Nous avons largement pour habitude de nous laisser déterminer par l’extérieur. Par le regard  de l’autre qui est présent ou bien par le regard de l’autre intériorisé qui nous dicte la norme, ce qu’il faut faire ce qu’il faut penser. Seulement il est probable que nous pensions autre chose, que nous ressentions autre chose que ce « qu’il faudrait ». Plus nous tentons d’ignorer ce « ressenti », plus nous le nions et plus celui-ci va nous dicter sa loi. C’est un principe quasi mécanique : plus nous luttons contre quelque chose et plus nous le renforçons. Alors pour intégrer cette pensée ou se ressenti qui est en décalage avec la situation (ou qui nous apparaît comme tel), le mieux est encore de le reconnaître, de se connecter à cette pensée, à cet affect. Par exemple, je sais intellectuellement qu’il ne faut pas être raciste. Pourtant, parfois, c’est plus fort que moi, lorsque je croise quelqu’un de « différent », je sens des pensées ou des affects de rejet en moi. Plus je les nie ou plus je tente de ne pas les voir et plus elles vont affecter mon comportement. Ici encore, mieux vaut les accueillir avec bienveillance. Se dire « tu vois, toi aussi tu as des pensées racistes » et puis à partir de là, je désamorce le conflit intérieur. Je peux me dire « Oui j’ai des pensées racistes qui peuvent me venir, mais je ne les laisse pas dicter ma conduite. Je les dépasse pour agir selon cette idée qui m’habite aussi que je dois accueillir l’autre avec sa différence. »

Avoir  conscience de son discours intérieur nous permet de ne pas  nous laisser prendre au jeu de l’inconscient : « ç’était plus fort que moi, ça m’a dépassé etc. » Le principe de l’auto observation nécessite que nous reconnaissions tous les mouvements intérieurs qui nous habitent. Ensuite nous pouvons décider de ce que nous en faisons. Mais nier ou lutter contre ses contradictions ne fait que les renforcer.

 

Les défenses personnelles

 

Processus intra psychique

Le principe d’auto observation demande que nous acceptions de considérer tous les mouvements intérieurs qui nous habitent. Mais il y a des zones où nous n’aimons pas aller. Des endroits où ça fait mal. Alors, nous avons recours à toutes sortes de stratégies pour ne pas aller voir de ce côté là.  On appelle ces mécanismes les « mécanismes de défense » et ils ont leur utilité. Ils nous aident à vivre avec nos blessures. Seulement parfois, ils peuvent devenir gênant. Comme par exemple lorsque au hasard d’une situation quelconque, quelque chose ressurgit qui nous met en contact avec cette zone indésirable. Et là, souvent, nous allons nous laisser submerger par des émotions ou des comportements imprévus. Notre inconscient nous prend par surprise en quelque sorte. Et comme nous nous refusons en général à envisager consciemment ce problème, quand il surgit,  nous avons tendance à répéter des comportements anciens qui ne sont pas forcément adéquats dans la situation   présente.

 

Les réactions de défense dans les relations interpersonnelles

 

            Une des défenses qui nous permet de réduire nos conflits intérieurs est le principe de la projection : nous projetons sur l’extérieur le conflit qui nous habite. Dès lors, c’est l’autre qui est responsable de ce qui nous arrive. Bien sûr il arrive que ce soit le cas. Mais dans la projection, il y a une tendance à plaquer sur la situation des affects ou des représentations qui ne lui appartiennent en rien. Nous ne faisons alors que rejouer un scénario  inscrit dans  notre psychisme.

 

            Le refoulement

            La rationalisation

 

            La régression

            Le déplacement

            L’identification

 

            La sublimation

 

            Le fantasme

            La formation réactionnelle

 

           

 

 

 

Conception interpersonnelle ou relationnelle versus conception monadique

 

« Birdwhistell est allé jusqu’à dire :  Un individu ne communique pas, il prend part à une communication ou il en devient un élément… » (Une logique de la communication p. 68)

 

Le contenu et la relation

 

On  ne peut pas ne pas communiquer.

Il n’y a pas de non-comportement.

Méta communiquer, c’est transmettre des informations sur la communication.

« Une communication ne se borne pas à transmettre une information, mais induit en même temps un comportement. »[2]

« La nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication entre les partenaires. » (ibid. p.57)

 

digital/analogique

 

« Nous pensons que la communication analogique plonge ses racines dans des périodes beaucoup plus archaïques de l’évolution, et qu’elle a par suite une validité beaucoup plus générale que la communication digitale, verbale, relativement récente et bien plus abstraite. » (ibid. p. 60 )

 

« Les êtres humains usent de deux modes de communication : digital et analogique. Le langage digital possède une syntaxe logique très complexe et très commode, mais manque d’une sémantique appropriée à la relation. Par contre, le langage analogique possède bien la sémantique, mais non la syntaxe appropriée à une définition non-équivoque de la nature des relations. » (ibid. p. 65)

 

 

 

interactions symétriques et complémentaires

 

« Une interaction symétrique se caractérise donc par l’égalité et la minimisation de la différence, tandis qu’une interaction complémentaire se fonde sur la maximalisation de la différence. » (ibid. p. 67)

 

axiome : « Tout échange  de communication est symétrique ou complémentaire  selon qu’il se fonde sur l’égalité ou la différence. » (ibid. p. 68)

 

 

 

 

 

 

 

Paul Watzlawick

 

            Seconde génération de thérapeutes familiaux et systémiques

            MRI Mental Research Institute

Usage du paradoxe / oxymoron : (Un merveilleux malheur.) reconnaître sa faiblesse : c’est une force.

Comment réussir à échouer.  Le paradoxe se manie  de préférence avec l’humour.

            Théorie du changement.

            Logique aristotélicienne et logique non aristotélicienne.

 

            La prescription du symptôme

            Travaux avec Giorgio Nardone

            Ex : de Nardone et de sa patiente agoraphobique.

Paradoxe du changement de cadre soudain  (Alexandre le Grand et le nœud Gordien)

 

 

Concepts utilisés :

 

            L’autoréalisation des prédictions (self fulfilling prophecy)

            La proférance

 

 

ECHANGE DEBAT

 

Dans votre pratique avec les jeunes enfants – effet Rosenthal

           

 

 

 

 

Bibliographie :

 

Bateson Gregory :

Vers une écologie de l’esprit

La cérémonie du Naven

La peur des anges

BU

 

Goffman Erving :   (courant de l’interactionisme symbolique)

La mise en scène de la vie quotidienne.

Asiles. Etude sur la condition sociale des malades mentaux.

Les rites d’interaction.

Stigmates. Les usages sociaux des handicaps.

Les cadres de l’expérience.

 

Erickson Milton

Ma voix t’accompagnera

BU

 

Melchior Thierry

Créer le réel. Hypnose et thérapie.

BU

Nardone Giorgio

Peurs, paniques, phobies.

 

Pauzé Robert, Gregory Bateson, itinéraire d’un chercheur, Relations,  Eres –

BU 30700 BAT

 

Watzlawick Paul

Changements : paradoxes et psychothérapie

Une logique de la communication

La réalité de la réalité

L’invention de la réalité

Comment  réussir à échouer

 

Ouvrages synthétiques

 

La nouvelle communication – Bateson, Birdwhistell, Goffman, Hall, Jackson, Scheflen, Sigman, Watzlawick. Editions du seuil.

 

L’école de Palo Alto, Edmond Marc.

BU

 

Paradoxe et résilience :

Un merveilleux malheur de Boris Cyrulnik.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Comme le démontre les travaux du biologiste  Francisco Varela par exemple,  il n’y a pas d’objet sans sujet ou de sujet sans objet. Cf. Autonomie et connaissance, Essai sur le vivant, Seuil, 1989.

[2] Paul Watzlawick, ,Une logique de la communication, p. 56, Points, 1979.